Dans un monde en constante évolution, les juristes ne se contentent plus de jouer le rôle traditionnel qui leur a longtemps été alloué. Christophe Dhiver, CEO et fondateur de XLO Consulting, les considère plutôt comme des moteurs du changement, capables de dynamiser les projets et de démanteler les cloisonnements au sein des organisations. Avec une approche novatrice, XLO offre un accompagnement opérationnel et centré sur l’humain, intégrant pleinement la culture et la structure globale de l’entreprise dans ses missions Une approche qui vise à caler l’avenir de la profession sur les multiples enjeux de transformation des entreprises et de leurs écosystèmes.
Informations Entreprise : Pouvez-vous présenter votre cabinet ainsi que ses principales fonctions ?
Christophe Dhiver (CEO & Fondateur du cabinet XLO CONSULTING) : Après avoir travaillé en tant que juriste dans divers secteurs, tels que le retail et les loisirs, j’ai gravi les échelons au sein du groupe Kiloutou jusqu’à occuper le poste de directeur des affaires juridiques. Durant vingt années au sein de l’entreprise, j’ai mis en place et développé la fonction juridique, accompagné par une équipe que j’ai constituée. J’ai eu l’opportunité de contribuer à la transformation d’une entreprise, passée du statut de PME française à celui d’ETI internationale, ceci à travers trois LBO successifs. En 2020, j’ai pris la décision de fonder le cabinet XLO Consulting, animé par le désir de partager ces expériences, mon expertise, mes outils et mes méthodes, afin d’accompagner mes pairs de manière concrète en proximité avec le terrain. Cette initiative a été précédée par des échanges enrichissants avec divers acteurs de l’écosystème juridique tels que des juristes, des avocats, des Legal tech et des recruteurs, mais aussi avec d’autres professionnels issus des domaines financiers, opérationnels et du conseil. Ces interactions ont suscité un intérêt naturel de directeurs juridiques, qui s’est concrétisé par les premières sollicitations de missions dès la fin de l’année 2020.
I.E : Qui sont vos clients et comment les accompagnez-vous pour répondre à leurs besoins spécifiques ?
Christophe Dhiver : Nos clients reflètent mes expériences passées : Des Start-ups, des PME en croissance avec un chiffre d’affaires d’environ 100 millions €, ainsi que des ETI internationales non cotées. Notre accompagnement devient crucial lorsque ces organisations connaissent des moments stratégiques tels que des LBO, des fusions ou des opérations de croissance externe. Nos clients recherchent alors un accompagnement à la fois pragmatique et humain, ainsi que des conseils très opérationnels, pour structurer, dynamiser et transformer leur fonction juridique et mettre ainsi en valeur leur expertise. Notre approche débute par une immersion totale dans leur quotidien pendant plusieurs semaines, afin de saisir leurs enjeux spécifiques et définir une vision et une stratégie adaptées. J’engage alors des discussions avec tous les pôles de l’entreprise pour comprendre leur fonctionnement, les interactions avec la fonction juridique et identifier les points forts et les axes de progrès dans leurs échanges internes quotidiens. Ensuite, nous proposons une liste de chantiers sur mesure, en nous appuyant sur différents partenaires spécialisés selon les besoins, pour conduire efficacement ces sujets de transformation.
I.E : Pourquoi pensez-vous que les fonctions juridiques internalisées sont devenues indispensables pour les entreprises ?
Christophe Dhiver : La fonction juridique n’a pas soudainement acquis son importance, elle a toujours été essentielle en back office, même si trop souvent sous-estimée au final. Cependant, aujourd’hui, plusieurs éléments renforcent son rôle crucial : la complexité et l’évolution constante du cadre réglementaire, la mondialisation des activités, ainsi que la nécessité de réagir promptement aux défis émergents tels que les crises, les nouveaux risques et les investissements. De plus, les services juridiques regorgent encore de potentiels inexploités, notamment en tant que pourvoyeurs de data clefs, partenaires stratégiques, experts en stratégie ou fournisseurs de solutions, ce qui peut considérablement contribuer à la prospérité et à la protection des entreprises.
I.E : Quels éléments doivent être pris en compte pour améliorer la visibilité et l’influence d’une direction juridique, selon votre expérience ?
Christophe Dhiver : Pour atteindre ces objectifs, il est essentiel de mettre en place en premier lieu des actions simples et rapides (« Quick Wins »), telles que la revue et la clarification des processus, la définition des rôles et tâches de chacun(e)s, l’automatisation des tâches basiques et la bonne gestion de l’information et de la documentation juridique. Il est important de garder à l’esprit que ce processus n’est pas un sprint, mais plutôt une course de fond. Il faut donc travailler avant tout sur l’état d’esprit des juristes (« Mindset »), en adoptant une revue régulière de ces sujets et en instaurant des rituels et des rythmes de travail adaptés. Il est également crucial pour une entreprise de se donner les moyens de structurer cette fonction dès ses débuts ou pendant sa croissance, car elle joue un rôle clé et transversal dans son développement. Au final, à travers ces actions, la direction juridique doit être en mesure de se concentrer sur sa véritable valeur ajoutée et de fournir des données essentielles au pilotage d’une entreprise. Enfin, plutôt que de compliquer les processus, il est préférable de les mettre en perspective avec l’opérationnel et donc de les simplifier au maximum.
I.E : Quels sont les points majeurs sur lesquels les fonctions juridiques doivent absolument travailler aujourd’hui ?
Christophe Dhiver : La digitalisation des fonctions juridiques, avec le sujet d’actualité de l’IA (Intelligence Artificielle) est l’une clef de l’atteinte des objectifs mentionnés précédemment Pour donner un exemple concret, la pandémie de covid-19 a secoué les fondations des entreprises, les obligeant à s’adapter rapidement. Les juristes ont été plongés dans un tourbillon de contrats, à la recherche de clauses spécifiques dans un océan d’incertitude. Cette situation a mis en lumière l’impérieuse nécessité de pousser plus loin la digitalisation des processus juridiques. A travers cette digitalisation, les juristes, ayant sauté le pas, ont su se montrer agiles, et devenir les gardiens des contrats et les maîtres des litiges, véritable colonne vertébrale de l’entreprise.
I.E : Comment abordez-vous les enjeux stratégiques de l’écosystème juridique futur ?
Christophe Dhiver : Le secteur de la fonction juridique en entreprise est confronté à plusieurs défis majeurs. Tout d’abord, la fonction juridique doit travailler son image, se marketer : elle est souvent très sollicitée mais peu mise en avant, ce qui peut créer un historique lourd et une certaine opposition avec les avocats en termes d’image. Ensuite, de nouveaux enjeux métiers émergent, tels que la compliance et le respect du RGPD ; ce qui nécessite une évolution des profils et compétences de juristes en poste. Enfin, plus récemment, il va falloir que la fonction s’empare de l’opportunité que représente le Legal Privilege (Confidentialité des Avis des Juristes). Il existe également pour cette fonction un besoin pressant d’organisation, de mise en place de stratégies et de feuilles de route (Digitale, Process, RH,…), notamment à travers le développement des « Legal Ops », pour optimiser les processus et maximiser l’efficacité de la fonction juridique. Notre leitmotiv opérationnel est alors le suivant : « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? ».
I.E : Quelles sont vos convictions profondes concernant le rôle des juristes dans l’avenir des entreprises ?
Christophe Dhiver : Dans ma perspective, le rôle du juriste transcendera largement celui d’une simple fonction juridique au sein d’un organigramme d’entreprise. Il sera une force stratégique, à la fois gardien du temple et catalyseur d’initiatives au sein de l’entreprise. Les juristes, qui ont su prendre ce virage et adopter ce mindset, sont des acteurs incontournables, apportant une valeur ajoutée authentique et propulsant l’innovation bien au-delà des frontières technologiques. En se connectant aux autres et en se développant personnellement, ils deviennent ainsi des moteurs de réussite et de croissance, façonnant ainsi l’avenir des organisations de manière significative.