La nouvelle voie du smart building
- Charlotte Combet
- 18 avr.
- 5 min de lecture

Réduire les consommations énergétiques tout en répondant aux attentes croissantes de confort et de connectivité des usagers : tel est le défi des bâtiments de demain. Avec son expertise mêlant automatisation, intelligence numérique et pragmatisme économique, NoviaCorp s’impose comme un incontournable du Smart Building. Focus.
Informations Entreprise : Quels rôles spécifiques jouent les technologies IoT et les systèmes automatisés dans la réalisation des objectifs du décret tertiaire ?
Rémi Barbillon (Chef de projet Smart Building Novia Corp) : Le décret tertiaire fixe un cadre ambitieux, avec des objectifs de réduction des consommations d’énergie qui interpellent directement propriétaires et exploitants de bâtiments. Ces objectifs, bien qu’exigeants, encouragent une réflexion approfondie et l’adoption d’outils variés pour les atteindre. Parmi ces outils, on peut citer la rénovation énergétique classique – isolation, ouvrants, systèmes de production de chaleur – mais aussi des solutions technologiques avancées.

Dans notre secteur, qui se concentre sur les bâtiments intelligents et l’IoT, le décret BACS joue un rôle clé. BACS, pour Building Automation and Control Systems, est une déclinaison du décret tertiaire spécifiquement orientée vers l’automatisation et le contrôle des bâtiments via des technologies intelligentes. C’est le levier principal pour digitaliser les infrastructures, optimiser la gestion énergétique et atteindre les objectifs fixés. En somme, dans notre métier, le décret BACS est le bras technologique indispensable au cadre fixé par le décret tertiaire.
I.E : Quels outils et technologies spécifiques permettent aujourd’hui de monitorer et piloter efficacement les installations techniques d’un bâtiment ?
Philippe Rusu (Président Novia Corp) : L’optimisation énergétique des bâtiments repose sur la performance des installations techniques, c’est-à-dire leur capacité à offrir un confort maximal pour une consommation minimale d’énergie. Ces installations incluent principalement le chauffage, la climatisation, la ventilation, l’éclairage, le traitement de l’eau chaude sanitaire, et la distribution électrique. Chacune de ces composantes doit être surveillée et pilotée pour garantir une efficacité optimale.
Pour ce faire, nous utilisons des IoT tels que des compteurs d’énergie et des capteurs. Ces dispositifs mesurent en temps réel des paramètres comme la température, l’humidité ou la qualité de l’air, et envoient ces données à un système de supervision informatique. Ce dernier est essentiel pour les mainteneurs, qui peuvent alors s’assurer que les équipements répondent aux objectifs de performance fixés : un confort optimal avec une consommation réduite.
L’automatisation est également cruciale pour réduire les coûts d’exploitation et pallier l’imprécision humaine. Par exemple, plutôt que de compter sur des opérateurs pour régler manuellement des vannes ou l’éclairage, des systèmes automatisés ajustent ces paramètres en fonction des besoins réels, garantissant ainsi efficacité et économie.
I.E : Comment intégrer les comportements humains dans les stratégies d’optimisation énergétique des bâtiments ?
Philippe Rusu : L’automatisation des bâtiments techniques n’est pas nouvelle : depuis les années 1980, les premières grandes tours de La Défense en France ont montré l’efficacité des automatismes pour ajuster la consommation énergétique, avec des économies pouvant atteindre 30 %. Cependant, ces systèmes étaient initialement conçus sans intégrer l’influence des comportements humains.
Aujourd’hui, le défi est double. D’une part, il s’agit de maintenir ces économies grâce à l’automatisation. D’autre part, il faut tenir compte du confort individuel et des attentes des usagers, notamment dans un contexte où le télétravail a redéfini le rôle du bureau. Si un collaborateur souhaite un éclairage plus fort ou ajuste sa climatisation sans modération, cela peut annihiler les économies prévues par les systèmes.
Pour concilier performance et bienêtre, nous développons des applications à usage des occupants. Ces outils leur permettent de gérer leur confort tout en les sensibilisant aux bonnes pratiques énergétiques. Ainsi, nous visons à aligner comportements individuels et objectifs globaux d’économie d’énergie. C’est cette symbiose entre technologie et éducation qui garantit des bâtiments à la fois intelligents, performants et humains.
I.E : Comment les expertises croisées de CR System et Build 4 Use permettent- elles à Novia Corp de proposer une transition fluide vers des bâtiments intelligents et connectés?
Philippe Rusu : Novia Corp incarne l’excellence dans le domaine du Smart Building en combinant les expertises de ses filiales pour offrir des solutions complètes et adaptées aux enjeux modernes. CR System, notre entité historique, se concentre sur la gestion technique des bâtiments (GTB), en réalisant les travaux d’automatisation qui optimisent la performance énergétique et le confort des occupants. Build 4 Use, quant à elle, joue deux rôles clés dans la mise en œuvre d’un projet de Smart Building global.
L’assistance à maîtrise d’ouvrage consiste, avant l’étape des travaux, à aider l’investisseur immobilier à définir les services numériques et l’infrastructure technique nécessaires pour rendre le futur bâtiment attractif et performant.
L’application SHYRKA regroupe l’ensemble des services numériques pour favoriser leur adoption. Cette solution web responsive, accessible directement depuis un navigateur, est parfaitement adaptée à une utilisation sur mobile comme sur desktop. SHYRKA se positionne comme un assistant digital commun à tous les utilisateurs d’un immeuble intelligent, qu’ils soient occupants, gestionnaires ou exploitants. Cette plateforme innovante centralise les données et services des bâtiments pour simplifier leur gestion, améliorer leur efficacité et contribuer au bienêtre au travail.
Avec cette approche globale, Novia Corp se positionne comme un acteur clé de la transition vers des bâtiments intelligents et durables, répondant aux exigences de performance, de connectivité et d’écoresponsabilité, tout en mettant l’expérience utilisateur au coeur de ses préoccupations.
I.E : Comment l’intégration des outils Smart Office et des comportements utilisateurs renforce-t-elle la performance énergétique des bâtiments intelligents ?
Philippe Rusu : La convergence entre Smart Building et Smart Office est au cœur de notre vision pour réinventer l’espace de travail. Avec la démocratisation du télétravail, il est essentiel de donner envie aux collaborateurs de revenir au bureau. Mettre à disposition des

occupants des services digitaux conçus spécifiquement pour leur environnement direct et accessibles via leur smartphone, répond à cet enjeu. Ces outils, véritables assistants digitaux, permettent de réserver des espaces de travail (salles de réunion, bureaux flexibles ou privatifs), de piloter les équipements de confort, ou encore de gérer la réservation de véhicules électriques avec garantie de recharge.
Cette approche ne se limite pas au confort. En connectant ces usages aux systèmes de gestion énergétique, nous pouvons corréler consommation énergétique et occupation réelle des espaces. Par exemple, le vendredi, au lieu de maintenir deux ailes partiellement occupées, des applications intelligentes peuvent suggérer aux utilisateurs de se regrouper dans une seule aile. Cela permet de couper les équipements inutiles dans l’autre, optimisant ainsi la performance énergétique du bâtiment.
Ce lien entre Smart Office et Smart Building nous pousse à repenser l’automatisation et à intégrer l’usage humain dans les stratégies énergétiques, atteignant ainsi un niveau optimal de performance et d’efficacité.
I.E : Pouvez-vous nous parler de votre projet avec ArcelorMittal ?
Rémi Barbillon : Chez NoviaCorp, notre philosophie a toujours été pragmatique : développer des solutions financées par des clients réels pour répondre à des besoins concrets, avec des livraisons qui respectent des délais stricts. Cela nous permet de rester ancrés dans une logique opérationnelle et d’offrir des produits fonctionnels et efficaces. Cette approche a trouvé un écho auprès d’ArcelorMittal, qui, en 2020, nous a confié la conception des services numériques et énergétiques pour son futur siège européen au Luxembourg, prévu pour 2027.
Nous avons démarré par un Proof of Concept (POC) grandeur nature dans nos locaux à Cergy-Pontoise, où nous avons déployé des parcours de vie adaptés aux futurs occupants. Ces parcours incluent des services comme la réservation de bureaux ou de bornes de recharge, le contrôle d’accès dématérialisé, et la gestion en temps réel des espaces de travail.
En parallèle, nous avons collaboré avec les équipes de conception-construction du bâtiment pour intégrer dès les premières étapes les besoins d’exploitation et les services numériques. Cela a nécessité une forte coordination entre les deux « mondes » souvent déconnectés : celui de la conception et celui de l’exploitation. Ce projet a également permis de déployer des outils pour les gestionnaires et exploitants, tels que le suivi des consommations énergétiques, le monitoring des installations techniques et des conseils pour optimiser l’occupation des espaces. Cette approche globale associe innovation technologique et pragmatisme opérationnel.