L'IA générative prend racine dans l'entreprise
- Charlotte Combet
- 13 oct.
- 3 min de lecture

L’IA générative séduit, mais inquiète encore les entreprises sur la question des données. Artemia mise sur une IA souveraine, hébergée sur site, pour concilier performance, sécurité et adoption concrète. Les co-fondateurs décryptent avec nous les enjeux.
nformations Entreprise : Pourquoi observe-t-on une différence d’adoption si marquée de l’intelligence artificielle selon la taille des entreprises ?
Thomas Verheyde (Co-fondateur et CTO Artemia) : L’adoption de l’intelligence artificielle suit une dynamique que nous avons déjà observée lors de la transformation digitale : elle démarre chez les grands groupes avant de se diffuser progressivement vers les PME, puis les TPE. Cette hiérarchie s’explique principalement par les ressources disponibles.
Plus l’entreprise est petite, moins elle dispose de temps, de compétences internes et de budget pour porter ces projets, souvent stratégiques et complexes. Cela demande un réel engagement des dirigeants. Heureusement, les solutions deviennent de plus en plus accessibles, ce qui ouvre la voie à une démocratisation progressive de l’IA, y compris pour les plus petites structures.
Quels sont les principaux obstacles qui freinent aujourd’hui l’adoption de l’IA dans les entreprises ?
Brice Bourdel (Co-fondateur et CEO Artemia) : Pour comprendre les freins à l’adoption de l’IA, il faut distinguer trois grands défis. Le premier est humain : comment permettre aux utilisateurs finaux de se former, et aux dirigeants d’identifier les bons cas d’usage pour créer de la valeur ? Le second, c’est le coût des solutions, encore souvent élevé. Enfin, le troisième enjeu majeur est celui de la confidentialité.
En Europe, les réticences sont fortes, notamment face au risque de fuite de données via les serveurs cloud ou l’entraînement des modèles. La conformité au RGPD, la souveraineté technologique et la réputation deviennent alors des facteurs décisifs dans le choix des outils.
Quelles sont les conditions nécessaires pour que l’IA apporte une réelle valeur en entreprise?
B.B. : Pour que l’IA soit réellement performante, deux éléments sont indispensables : des données internes de qualité, bien structurées, et des requêtes précises, appelées prompts. Sans base documentaire fiable, l’IA reste approximative. Une fois ces fondations posées, les cas d’usage se multiplient.

Nos clients s’en servent pour diffuser des processus et compétences clés en interne, analyser des documents complexes en un temps record, rechercher de l’information juridique ou réglementaire, ou encore comparer des contrats volumineux. Cette capacité d’analyse rapide transforme la manière de travailler des entreprises, et fait de l’IA un assistant au quotidien qui procure un véritable avantage compétitif.
Comment l’IA peut-elle s’adapter aux besoins spécifiques et confidentiels des entreprises ?
T.V. : Pour exceller, l’IA a besoin de contexte, c’est-à-dire de données propres à l’entreprise : elle reformule, vulgarise, corrige et structure des contenus, que ce soit des e-mails, des notes et processus internes, des offres d’emploi ou des contrats. Nos clients, dans le secteur juridique comme dans l’industrie, l’utilisent pour rendre intelligible leur contenu technique à un public non expert, clients comme collaborateurs.

Mais pour tirer pleinement parti de ces capacités, il faut pouvoir exploiter ses propres documents, souvent confidentiels. C’est là qu’intervient l’enjeu de l’IA professionnelle : proposer une IA générative capable de traiter de l’information sensible, dans un cadre sécurisé et conforme, loin des solutions grand public comme ChatGPT.
Comment garantissez-vous la confidentialité des données traitées par votre solution d’IA?
B.B. : Notre engagement en matière de confidentialité repose sur un choix technique fort : l’hébergement sur site, ou “on-premise”. Contrairement au cloud, qui externalise le stockage et l’accès aux données via des serveurs tiers, notre solution permet à chaque entreprise de bâtir sa propre IA, directement dans ses locaux. Les données, comme le logiciel, restent intégralement sur les serveurs de l’entreprise, ce qui garantit un contrôle total.
C’est une approche de la sécurité pensée dès la conception, by design : une confidentialité intégrée à l’architecture même de notre solution, en cohérence avec les exigences de nos clients et les contraintes réglementaires européennes.
Quelle est aujourd’hui la feuille de route d’Artemia, tant sur le plan technologique que commercial ?
T.V. : Notre feuille de route repose sur deux axes forts : l’innovation produit et le développement international. Techniquement, nous co-construisons le logiciel avec nos clients, en intégrant leurs retours et en nous inspirant des meilleures pratiques du marché. Nous déployons ainsi de nouvelles fonctionnalités et des assistants IA personnalisables.
Parallèlement, nous amorçons notre expansion à l’international, notamment en Belgique, en Suisse, au Luxembourg et en Espagne. L’IA étant multilingue, notre solution est naturellement exportable. Pour accompagner cette croissance, nous envisageons une levée de fonds dans les mois à venir.