Des freelances certifiés pour répondre à l'urgence cyber
- Charlotte Combet
- il y a 3 jours
- 5 min de lecture

Les experts en cybersécurité deviennent une denrée rare à l’heure où les entreprises sont confrontées à la fois à une pénurie de talents et à des menaces grandissantes. Entre exigences de conformité, budget serré et besoins ultra-spécifiques, les PME comme les grands groupes peinent à s’y retrouver. C’est sur ce créneau que s’est positionnée CyberFreelance, une plateforme française qui mise sur la qualification fine des profils et un accompagnement sur mesure pour connecter entreprises et freelances spécialisés.
Informations Entreprise : Quelles sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées par les PME et ETI lorsqu’elles cherchent à renforcer leur cybersécurité ?
Ekatérina Shelek (co-fondateur de Cyberfreelance) : Le principal défi pour les entreprises, notamment les PME et ETI, c’est d’abord d’identifier les bons profils cyber selon leurs besoins réels. Beaucoup de dirigeants sont aujourd’hui sensibilisés aux enjeux de cybersécurité, mais la question budgétaire reste centrale : ont-ils les moyens de recruter en interne ou doivent-ils se contenter d’interventions ponctuelles pour répondre à une exigence client ?
Dans ce contexte, les freelances en cybersécurité représentent une alternative efficace, notamment pour des missions ciblées. On voit ainsi une forte demande pour des RSSI ou DPO externalisés, capables de s’adresser à la fois aux dirigeants et aux équipes IT, avec une compréhension fine de l’environnement de l’entreprise. Mais trouver le bon freelance est complexe : les PME ne savent pas toujours ce qu’elles recherchent, ni comment évaluer les compétences.
I.E : Comment accompagnez-vous concrètement les entreprises, PME ou grands groupes ?
Clément Faraon (co-fondateur de Cyberfreelance) : Sur le marché de la cybersécurité, il y a une multitude de profils et de certifications. Les dirigeants entendent parler de pentests, de RSSI, de DPO, mais comment savoir quel profil correspond à leur besoin précis ? C’est là que Cyberfreelance apporte une réelle valeur : nous faisons un travail de pré-tri des freelances, notamment pour les grands groupes, afin de ne proposer que des experts qualifiés et validés.
Cela leur évite de devoir passer au crible des dizaines de candidatures. Pour les grands comptes, les besoins sont souvent très spécifiques : un expert pour une mission urgente, un profil rare, ou un renfort temporaire pour un projet. Ils sont sensibilisés, ont déjà des équipes, mais font appel aux freelances pour combler un manque ponctuel, en attendant un recrutement ou sur des compétences difficiles à trouver.
I.E : Concrètement, comment fonctionne la plateforme CyberFreelance ?
Ekatérina Shelek : CyberFreelance, c’est une plateforme spécialisée dans la mise en relation entre entreprises et freelances en cybersécurité, avec une approche très qualifiée. Forts de notre propre expérience en tant que freelances et consultants, nous savons que le vrai enjeu, c’est d’un côté pour les freelances, d’avoir des missions claires, intéressantes et bien cadrées, et de l’autre pour les entreprises, de trouver le bon profil
correspondant précisément à leur besoin.
Pour cela, nous avons mis en place un système de qualification des profils : chaque freelance est évalué pour déterminer ses forces, ses spécialités. Côté entreprise, on va aussi au-delà de la simple fiche de poste : on retravaille avec le client pour mieux définir la mission. Concrètement, nous proposons deux types d’accompagnement : pour les grands comptes, nous assurons un accompagnement complet, avec sourcing, qualification, entretien des profils avant présentation, sous 48 à 72h.
Pour les PME et ESN, nous proposons un mode plus autonome, via un accès à notre base de freelances qualifiés, où elles peuvent publier leurs missions directement. Et bien sûr, pour les entreprises qui souhaitent un accompagnement sur mesure, cette option reste accessible.
I.E : Comment sélectionnez-vous les freelances sur votre plateforme et comment facilitez-vous le matching avec les missions ?
Clément Faraon : Nous avons mis en place un processus de qualification rigoureux pour garantir à la fois aux entreprises et aux freelances une vraie qualité de mise en relation. Concrètement, quand un freelance s’inscrit, il remplit un profil détaillé, avec son CV, ses certifications, ses expertises. Ensuite, on organise un entretien de qualification, durant lequel on échange sur son parcours, ses compétences, ses attentes, et on rédige une note de synthèse.

Cette donnée est ensuite intégrée à un moteur d’intelligence artificielle que nous développons en interne et qui permet de catégoriser finement les profils : par exemple, savoir s’il s’agit d’un expert GRC, d’un RSSI, ou d’un profil plus technique. L’idée est de faciliter au maximum la décision du recruteur. Ce travail est aussi fait côté missions : nous qualifions chaque offre publiée, en ajoutant les critères essentiels pour les freelances comme le TJM (taux journalier moyen), la localisation, les compétences clés, le télétravail possible, ou encore les années d’expérience requises. L’objectif est double : faciliter le matching et s’assurer que chaque partie trouve rapidement ce qu’elle cherche.
I.E : Vous travaillez à la fois sur la certification ISO 27001 et une démarche RSE, pourquoi ces engagements et comment les mettez-vous en œuvre ?
Ekatérina Shelek : Nous avons pour objectif d’être certifiés ISO 27001 d’ici la fin de l’année, ou au plus tard début d’année prochaine. Techniquement, tout est déjà en place, il nous reste principalement la partie documentaire à finaliser pour passer la certification, en fonction aussi des délais des organismes certificateurs, qui sont très sollicités actuellement.
En parallèle, nous avons engagé une démarche RSE, ce qui est encore peu courant dans le secteur des plateformes de freelances, mais qui représente un enjeu stratégique fort pour nous. Nos clients, notamment les grands groupes, sont de plus en plus attentifs à travailler avec des partenaires responsables. Cela nous permet de valoriser nos engagements internes, mais aussi de renforcer notre relation avec les freelances. Nous voulons aller au-delà de la simple mise en relation : les freelances sont des personnes, pas des ressources interchangeables. C’est pourquoi nous développons des actions concrètes : animation de communauté via des afterworks, négociation de tarifs préférentiels pour leurs certifications, accompagnement sur leurs parcours. Notre ambition, c’est de créer une relation durable et humaine, bénéfique à la fois pour les entreprises et les freelances.
I.E : Comment voyez-vous l’évolution du marché du freelancing en cybersécurité ?
Clément Faraon : Nous évoluons à la croisée de deux marchés en pleine croissance : le freelancing et la cybersécurité. Le marché cyber connaît une croissance exponentielle, portée par les enjeux géopolitiques, les investissements étatiques et privés, et l’intégration
de l’IA. Le besoin de compétences est tel que les entreprises, notamment industrielles, recherchent rapidement des profils experts. En parallèle, le freelancing séduit de plus en plus de professionnels, encouragés par des politiques publiques comme le statut d’auto-entrepreneur.
Ekatérina Shelek : Même si cette voie comporte des défis administratifs, elle permet à chacun d’explorer l’indépendance. Ceux qui reviennent ensuite vers le salariat sont souvent mieux armés et plus engagés. En tant que plateforme 100 % indépendante et française, CyberFreelance bénéficie aussi de la volonté politique de renforcer les acteurs
nationaux.
Nous comptons nous appuyer sur cette dynamique pour nous développer en France, puis en Europe. En outre, la montée des exigences cyber, notamment via les réglementations sur les chaînes de sous-traitance, pousse les PME et ETI à chercher des freelances qualifiés. Enfin, nous nous engageons à sensibiliser largement à la culture cyber, notamment via des actions terrain auprès des TPE/PME, car mieux informées, elles seront mieux protégées.