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Interview Luc Besançon, Délégué Général, NèreS

Le changement de la pharmacie en France : comment capitaliser sur les évolutions ?


L’équipe de PharmagoraPlus était ravie d’avoir pu échanger avec Luc Besançon en amont du salon les 9 et 10 mars. Au cours de cette discussion, nous avons abordé les principaux défis et évolutions pour la Pharmacie en 2024, mettant particulièrement l'accent sur la nécessité pour les officines de s’adapter et trouver l’équilibre entre les nouvelles missions et la rentabilité.


PharmagoraPlus : L’année 2023 a été difficile pour la pharmacie d’officine, et 2024 annonce de nouvelles problématiques. Cependant l’année 2024 annonce aussi des avancées majeures. Quels sont les principaux défis et évolutions à venir cette année pour les officines ?


Luc Besançon : On est à la fin de la covid, et l’officine doit changer son modèle économique – ou en tout cas s’adapter à cette baisse de l’activité Covid et assurer de nouveaux revenus. En même temps, avec la nouvelle convention pharmaceutique, qui est en cours de négociation, un changement des modalités de rémunération des pharmaciens est en discussion. Enfin, on constate que le nombre de visites en pharmacie continue d’être bien plus élevé qu’avant la Covid, notamment à travers ce qu’on appelle le premier recours – c’est-à-dire, des achats sans ordonnance.


Beaucoup de ces problèmes entament sérieusement la rentabilité de la pharmacie officinale, à votre avis, qu’est-ce qu’il faut faire afin de garantir la pérennité du réseau ?


Je pense qu’il y a plusieurs éléments. D’une part on constate que le financement de l’officine pour les activités remboursées par l’assurance maladie n’est pas adéquate– ce qui est l’objet des négociations.

Le deuxième élément est des difficultés de recrutement des personnels pharmaceutiques qui se font plus prégnantes. Cette problématique conduira aussi à adapter l’organisation de l’officine et peut-être permettre à d’autres professions de contribuer à l’officine pour justement permettre aux pharmaciens et aux préparateurs d’utiliser au mieux leur temps. Donc il y a un travail aussi d’optimisation, pour à la fois assurer une rentabilité, et aussi pour répondre aux opportunités des nouvelles missions actuelles et futures.

Enfin, si pour la plupart des activités, le pharmacien n’a pas de liberté de prix, il y en a une où il a bien cette liberté : le premier recours. Puisque les prix de ces produits (médicaments de PMF, compléments alimentaires, dispositifs médicaux grand public) peuvent être ajustés par les pharmaciens, ils doivent réfléchir comment ils veulent se positionner par rapport à ce marché. Un élément intéressant qu’on a constaté, c’est qu’en 2023, le marché des compléments alimentaires a progressé de 10% en pharmacies alors que les autres circuits de distribution comme les grandes surfaces et les parapharmacies, ont soit stagné soit diminué. Ça veut dire que la pharmacie occupe une place de plus en plus importante sur le marché des compléments alimentaires. Ça doit stimuler une réflexion pour les pharmaciens – comment peuvent-ils tirer parti de cette dynamique dans leur propre officine ?


Vu que les professionnels de santé de proximité restent essentiels pour les Français, et que la majorité de Français jugent l’accessibilité du pharmacien extrêmement aisée, quels sont les opportunités pour la pharmacie officinale en 2024 ?


L’officine s’appuie sur deux domaines d’activités : le premier recours (visites en pharmacie sans ordonnance, qu’on peut qualifier de « spontanées ») et l’accompagnement de patients chroniques. Dans les deux cas, on constate le développement des services en complément des dispensations.

On voit une dynamique marquée parmi les patients : ils vont de plus en plus régulièrement en pharmacie pour les maux du quotidien (soit par volonté, soit par nécessité face aux déserts médicaux). Le travail et le lieu d’exercice du pharmacien sont-ils adaptés pour répondre à cette modification de la demande ?

Cette dynamique est un élément qui illustre le changement de l’image de la pharmacie en France, en particulier grâce à la Covid.

J’appelle tous mes confrères à considérer comment capitaliser sur ces évolutions et adopter une approche personnalisée pour répondre aux besoins du bassin de population où ils sont implantés.

 


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