La marque qui déconstruit pour mieux reconstruire
- Charlotte Combet
- 10 avr.
- 4 min de lecture

Le marché des pièces automobiles d’occasion connaît une mutation sans précédent. Entre pénurie de l’offre, complexité d’accès et nécessité d’une garantie de qualité, les défis sont nombreux. Pourtant, une entreprise se démarque en structurant ce secteur autrefois informel : Back2car. Visionnaire, la marque a imposé des standards industriels inédits, alliant réemploi, remanufacturing et innovation dans le traitement des véhicules électriques.
Informations Entreprise : Quels sont les principaux freins au développement du marché des pièces automobiles d’occasion ?
Luc Fournier (Dirigeant) : Le marché des pièces automobiles d’occasion est structurellement marqué par une pénurie. Sur 38 millions de véhicules en circulation, seulement un million entrent chaque année en recyclage. Plusieurs choix s’offrent à nous, soit une exportation des véhicules accidentés vers l’Europe de l’Est, soit un démontage dans les centres. Pour Back2car, 77% des épaves sont démontées, ce qui est un record en France.
Trouver la bonne pièce reste complexe, notamment en ligne. La vente de pièces détachées nécessite un accompagnement, ce qui explique pourquoi les pureplayers digitaux peinent à percer sur ce marché.
I.E : Comment est-il possible de garantir l’application du décret sur les pièces de réemploi?

Luc Fournier : Le cadre législatif existe, mais son efficacité repose sur les contrôles. Lorsqu’un décret impose des obligations, il est essentiel de veiller à leur application. Il ne s’agit pas de prôner la sanction, mais simplement de garantir que la réglementation soit respectée.
Aujourd’hui, les réticences à l’usage des pièces de réemploi dans les garages s’amenuisent. Cependant, l’approche reste passive : les professionnels ne s’en saisissent pas avec l’enthousiasme que cette évolution mérite. Pourtant, ils devraient être moteurs dans cette transition, en accompagnant la mise en œuvre du décret et en valorisant les bénéfices écologiques indéniables des pièces d’occasion. Une dynamique plus proactive du secteur permettrait de maximiser l’impact environnemental positif de ces mesures et de démocratiser encore davantage l’usage des pièces issues de l’économie circulaire.
I.E : Comment Back2car a-t-elle transformé l’expérience client sur ce marché en pleine mutation ?
Luc Fournier : Lorsque je suis arrivé sur ce marché en 2018, l’achat d’une pièce d’occasion était une véritable loterie. Les clients devaient se rendre physiquement dans les casses, espérant que la pièce recherchée soit disponible et en bon état. S’ils trouvaient un alternateur, par exemple, il était vendu sans garantie, sans service après-vente, souvent sans même être nettoyé ou testé.
Nous avons totalement changé cette approche en structurant l’offre autour d’une marque forte : Back2car. Aujourd’hui, nos pièces sont traçables, facturées et garanties, avec un service client dédié. Contrairement aux marketplaces anonymes, nous assumons nos engagements en centralisant nos opérations sur cinq sites en France. Nous avons également instauré des garanties allant jusqu’à la garantie à vie pour nos pièces de réemploi et une garantie de 2 ans sur nos pièces remanufacturées, une première dans le secteur, afin de lever toutes les objections des clients.
I.E : Comment Back2car différencie-t-elle ses gammes de pièces pour garantir à la fois qualité et disponibilité ?
Luc Fournier : Back2car est bien plus qu’une simple marque, c’est un standard de qualité dans la pièce auto recyclée. À l’origine, nous nous concentrions uniquement sur le réemploi de pièces issues de véhicules accidentés. Mais nous avons rapidement constaté que certaines pièces, bien que réutilisables, ne répondaient pas à nos critères de qualité. Plutôt que de les jeter, nous avons décidé de les remanufacturer, donnant ainsi naissance à Back2car Reman Aujourd’hui, nous proposons deux gammes distinctes : Back2car Réemploi, pour les pièces d’occasion remises en circulation après un contrôle qualité, et Back2car Reman, pour celles qui passent par un processus de reconditionnement approfondi. Cette double approche nous permet d’élargir notre offre de 20 %, tout en garantissant une traçabilité et une clarté pour le consommateur.
Grâce à cette stratégie, nous sommes les seuls sur le marché à couvrir à la fois le réemploi et la remanufacturation, offrant une solution complète et 100 % alignée avec les principes de l’économie circulaire.
I.E : Comment Back2car s’adapte-t-elle à l’essor des véhicules électriques ?
Luc Fournier : Nous sommes une fois de plus en avance sur le marché. Lorsque nous avons commencé à réceptionner des véhicules électriques, nous nous sommes interrogés sur leur devenir. Initialement, nous les revendions entiers, mais nous avons vite compris que la demande en pièces détachées allait exploser. Nous avons donc pris les devants en démantelant ces véhicules pour extraire leurs composants clés : moteurs électriques, batteries, et autres éléments spécifiques aux modèles comme Tesla, Zoé, Prius ou Nissan Leaf.
Au-delà du simple démontage, nous avons franchi une étape supplémentaire en nous lançant dans le remanufacturing de batteries électriques. Là encore, nous sommes précurseurs. Contrairement à d’autres acteurs qui cherchent à acheter des batteries usagées, nous avons un avantage concurrentiel majeur : nous possédons déjà la matière première.

En novembre, nous avons officialisé la gamme de batteries de traction Reman, devenant ainsi les premiers à proposer des batteries électriques remanufacturées et livrées sous notre marque. C’est une véritable innovation pour le marché et une avancée clé pour l’économie circulaire.
I.E : Pourquoi Back2car investit-elle dans un nouveau centre de déconstruction ?
Luc Fournier : Nous allons en effet franchir une nouvelle étape en ouvrant un nouveau centre de déconstruction en 2026. Cet investissement stratégique répond à une double ambition : accompagner nos partenaires assureurs, qui nous confient de plus en plus de véhicules, et renforcer notre rôle de leader dans l’économie circulaire de l’automobile.
Aujourd’hui, les assureurs reconnaissent notre vision et notre engagement en nous affirmant que nous sommes en phase avec les tendances du futur. Forts de cette reconnaissance, nous investissons dans une usine de déconstruction à grande échelle, qui fonctionnera en 2x8, permettant ainsi de traiter un volume de véhicules bien plus important.
Cette montée en puissance nous permettra de récupérer et valoriser un maximum de pièces, réduisant ainsi l’impact environnemental du secteur automobile. Avec ce projet, nous ne faisons pas que suivre l’évolution du marché, nous la devançons, en optimisant le réemploi et en accentuant la décarbonation de la filière.