
Les besoins en infrastructures numériques explosent, portés par la montée en puissance des datacenters, l’essor des bâtiments intelligents et des technologies comme la 5G ou l’intelligence artificielle. Entre densification des câblages, gestion automatisée et anticipation des standards futurs, l’entreprise Aginode développe des solutions de pointe pour répondre aux exigences croissantes de connectivité, d’évolutivité et d’efficacité énergétique.
Informations Entreprise : Quelles sont les grandes tendances et innovations dans le câblage des datacenters ?
Didier Willems (Head of Tech Support, Training & Certification, Aginode) : Une tendance majeure observée ces dernières années est bien évidemment l’augmentation des débits, en grande partie due à la virtualisation combinée à l'explosion des besoins des utilisateurs, due à la multiplication des appareils connectés (ordinateurs portables, tablettes, smartphones) et à la demande accrue pour des applications gourmandes en données, comme le streaming, les jeux en ligne et les services cloud. Là où chaque serveur avait auparavant une fonction unique, la virtualisation permet aujourd’hui de mutualiser les ressources, générant un trafic interne massif, supérieur à celui dirigé vers les utilisateurs. Cela exige une adaptation du câblage en fonction de l’évolution constante des protocoles et des technologies de transmission.

Avec l’essor de l’intelligence artificielle, ce phénomène s’accélère encore. Ces technologies nécessitent des échanges d’informations intenses qui nécessitent l’utilisation de câblage informatique capable de supporter ce trafic croissant, comparables à l’augmentation du nombres de voies d’une autoroute.
L'utilisation du cuivre et des fibres multimodes reste encore prédominante car elle permet de réduire les coûts liés aux équipements réseau, car ces technologies sont compatibles avec des switches et serveurs équipés de ports (transmetteurs) moins onéreux.
Notre rôle est d’aider les entreprises à anticiper leurs besoins futurs, en adoptant des infrastructures pérennes et économiques. Cela reste un défi complexe, mais essentiel.
I.E : Quels sont les principaux facteurs qui poussent les entreprises à choisir entre un datacenter internalisé et une solution de colocation ?
Rachid Ait Ben Ali (Product Solutions Manager, Aginode) : Les tendances actuelles dans le secteur montrent une migration croissante des entreprises vers les datacenters de colocation. Cette transition s’explique principalement par des motivations économiques, comme la réduction des coûts, mais aussi par le besoin de flexibilité et d’évolutivité.
Cependant, on observe une dualité : alors que de plus en plus d’entreprises adoptent des solutions de colocation, certaines restent attachées aux datacenters internalisés. Ces dernières privilégient souvent cette option pour des raisons de souveraineté des données,

évitant ainsi d’externaliser leurs informations sensibles. Cette dynamique illustre une évolution intéressante des priorités des entreprises, qui cherchent à équilibrer innovation, économie et sécurité dans leurs choix d’infrastructures informatiques.
I.E : Comment Aginode aborde-t-elle l’émergence de nouvelles technologies comme l’OM5 ?
Didier Willems : L’OM5 représente une avancée technologique majeure, permettant de transmettre des données à haut débit sur une fibre unique grâce au multiplexage de longueurs d’onde. En utilisant des lasers émettant à différentes longueurs d’onde, cette technologie étend la portée des transmissions avec une faible atténuation. Cependant, son coût reste un frein important, dû à la complexité des équipements nécessaires, notamment les prismes optiques et les multiples transmetteurs à loger sur le même substrat. Aujourd’hui, bien que l’OM5 soit une solution innovante, elle demeure un marché de niche, car des alternatives moins coûteuses qui offrent des débits similaires sont à présent disponibles.
Rachid Ait Ben Ali : En parallèle, bien qu’elles nécessitent l’utilisation de transmetteurs plus coûteux les fibres monomodes gagnent du terrain face aux fibres multimodes, pour répondre aux besoins exponentiels de bande passante. Avec l’émergence des standards 800G et 1,6T, ces fibres s’imposent dans les datacenters, où la densité et l’efficacité énergétique deviennent cruciales.
De plus, les solutions AIM (Automated Infrastructure Management), comme LANsense, sont indispensables pour gérer la montée en densité des ports. Elles permettent un mapping précis et automatisé des connexions, réduisant les erreurs humaines et minimisant les temps d’arrêt réseau. Alors que la demande en ports explose avec l’IA et l’Internet des Objets, ces outils deviendront essentiels pour maintenir une infrastructure fiable et évolutive.
I.E : Comment répondez-vous aux défis de gestion et de densité dans les data centers modernes ?
Didier Willems : Les besoins en câblage varient fortement d’un client à l’autre, plus que d’un secteur à l’autre. Dans les data centers, chaque installation est unique, car les exigences dépendent des activités actuelles et futures du client et de la configuration du data centre.
Contrairement aux bâtiments commerciaux où la structure de câblage est relativement uniforme, les data centers nécessitent des conceptions adaptées et des produits à très haute densité, adaptés à des espaces restreints, tout en restant accessibles pour les interventions fréquentes.
La montée en densité est un défi majeur. Nous avons ainsi développé des panneaux de brassage pouvant accueillir jusqu’à 144 fibres par unité, car les gestionnaires cherchent à maximiser l’espace pour les équipements actifs, comme les serveurs et les switches, au détriment du câblage. Cependant, cette densité accrue complexifie la gestion, d’où l’importance croissante des solutions automatisées comme LANsense, qui garantissent une documentation précise et une gestion efficace, même dans des environnements très complexes.
I.E : Comment percevez-vous l’avenir de votre secteur ?
Rachid Ait Ben Ali : Les évolutions technologiques actuelles transforment profondément le secteur des datacenters et des bâtiments intelligents. Le single-pair Ethernet (SPE) représente une innovation majeure, permettant de connecter des équipements nécessitant de faibles débits, comme les unités de distribution d’énergie (PDU) ou les systèmes de contrôle d’accès, avec une infrastructure plus légère et économique. Cela s’inscrit dans une tendance de convergence des réseaux, où tous les systèmes — éclairage, détection incendie, contrôle de température — peuvent communiquer sur une plateforme Ethernet commune pour une meilleure gestion et des économies accrues.
Dans les datacenters, la densité reste un défi central. Nous travaillons sur des solutions innovantes, notamment un tiroir ultra-dense innovant capable de gérer jusqu’à 144 fibres par unité, tout en assurant une facilité d’exploitation pour les techniciens. Ce produit est conçu pour offrir une modularité optimale, compatible avec différentes configurations, de la base 8 à la base 24, afin d’accompagner les besoins actuels en 400G et les migrations futures vers 800G et au-delà.
