Le recrutement joue la carte de l'humain

L’IA bouleverse le recrutement, mais à quel prix pour l’humain ? Koann, start-up réunionnaise, mise sur une approche ludique et éthique pour cartographier les talents et repenser l’employabilité.

Informations Entreprise : Quels sont les principaux risques liés à l’usage de l’IA dans les processus RH aujourd’hui ?

Eric Reocreux (Fondateur de la solution Koann) : L’un des principaux dangers aujourd’hui, c’est l’accélération technologique, notamment avec l’intelligence artificielle. L’AI Act tente justement d’encadrer ces usages, en particulier dans le recrutement.

Laisser une machine décider seule, c’est risquer d’écarter des candidats de manière arbitraire, simplement parce que leur CV n’est pas reconnu par un système automatisé. C’est pourquoi nous adoptons une posture différente, profondément centrée sur l’humain. L’IA est incontournable, ceux qui ne l’intègrent pas risquent d’être dépassés. Mais il faut l’adopter avec discernement, dans une démarche éthique et responsable.

Comment peut-on tirer parti de l’IA tout en préservant la dimension humaine du recrutement ?

L’intelligence artificielle doit être intégrée pour fluidifier les étapes amont du recrutement, comme le tri ou la pré-sélection, mais à condition que cela libère du temps pour l’échange humain. Chez Koann, nous incitons nos clients à réagir rapidement grâce à un score de réactivité intégré à notre outil. Cela profite autant au candidat qu’à leur marque employeur. Pourtant, nous constatons que même avec une interface optimisée, la réactivité reste faible. L’enjeu, c’est de ne pas utiliser l’IA comme un substitut à l’humain, mais comme un levier pour renforcer la qualité des rencontres.

Comment votre solution technologique permet-elle de mieux évaluer les candidats au-delà du CV ?

Notre coeur de solution, c’est une application mobile gratuite et ludique, conçue pour révéler les soft skills, les savoir-faire et les appétences. Grâce à une approche gamifiée, nous proposons une évaluation authentique, sans IA, qui permet de vraiment cartographier une personne.

Ensuite, un système de matching intelligent oriente vers des opportunités professionnelles adaptées. Cette approche nous a valu le prix de la résilience et de l’inclusion à Préventica. L’IA est utilisée en support — pour fluidifier les processus — mais jamais pour évaluer l’humain. Car pour nous, un CV est biaisé, incomplet et ne peut à lui seul représenter une personne.

Vous parlez d’“ontologie comportementale” co-développée avec le CNRS. Pouvez- vous nous expliquer comment cela fonctionne concrètement ?

Quand on parle de cartographie des compétences, il ne s’agit pas seulement de savoir-faire: notre approche intègre aussi les savoir-être, les appétences et surtout leur évolution. L’enjeu, c’est d’anticiper les compétences de demain dans un monde professionnel en constante mutation.

L’ontologie RH que nous développons permet d’analyser les interactions entre compétences, les superpositions et les corrélations entre savoir-faire et savoir- être. Elle s’adresse autant aux RH qu’aux organismes de formation et aux LMS, pour leur permettre d’adapter les parcours aux besoins émergents et construire une vision prospective des métiers à venir.

Comment comptez-vous faire évoluer votre solution à l’échelle nationale et internationale?

À La Réunion, où nous avons démarré, plus de 20 % de la population active a déjà utilisé notre application. Cela montre une réelle adhésion, tant chez les chercheurs d’emploi que chez les étudiants ou les salariés. Grâce à notre mode “intra”, les entreprises peuvent cartographier les compétences internes sur la durée.

Notre objectif est clair : bâtir un réseau social de l’employabilité, fondé sur une évaluation continue et évolutive des soft skills. Nous amorçons notre expansion en métropole, dans les DOM, puis à l’échelle européenne, en nous appuyant sur le référentiel ESCO et nos partenaires comme Adecco ou Decathlon.

Pour en savoir plus : https://koann.app/ 

Pour une démo : https://calendly.com/koann/pitch