L’ère des produits à usage unique en plastique semble révolue, mais les alternatives proposées ne font pas toujours l’unanimité. Entre qualité médiocre et impact écologique discutable, les consommateurs sont en quête de solutions durables, mais aussi performantes. Noyatech, à travers sa capacité d’adaptation et sa maîtrise complète de la chaîne de production, se positionne à l’avant-garde de cette révolution verte.
Informations Entreprise : Quel a été l’impact de l’interdiction des plastiques à usage unique sur le marché des couverts et pailles en Europe ?
Simon Barreau (co-fondateur de Noyatech) : Avant l’interdiction des plastiques à usage unique en 2021, le marché européen était largement dominé par des solutions en plastique pétrochimique, provenant presque exclusivement de Chine. Cette dépendance a révélé un manque de solutions locales et a posé de nombreux défis, tant en termes de qualité que

d’impact environnemental. Avec l’interdiction, le marché a vu une montée en puissance des produits en bois et en carton, qui, bien que maintenant la solution la plus courante, sont également majoritairement importés de Chine. Ces alternatives ne sont pas sans défauts : des problèmes de qualité, tels que des textures râpeuses et une influence négative sur les goûts des aliments, ont été signalés.
De plus, ces produits soulèvent des préoccupations écologiques. La production de couverts en bois, par exemple, implique l’abattage d’arbres, ce qui n’est pas toujours justifiable, surtout lorsque d’autres matériaux peuvent être utilisés. L’empreinte carbone liée à l’importation de ces produits depuis des pays lointains, comme la Chine, aggrave encore leur impact écologique. Par ailleurs, les conditions de fabrication dans ces pays sont parfois problématiques, avec des normes de qualité et de sécurité non respectées, comme l’a montré l’incident des “polluants éternels” PFAS trouvés récemment dans des pailles.
En réaction à ces défis, des produits en bioplastique ont fait leur apparition sur le marché. Cependant, cette nouvelle catégorie a été marquée par des pratiques trompeuses de type green washing, où des produits partiellement biosourcés étaient présentés comme entièrement écologiques mais comportant une part non négligeable de plastique pétrochimique. C’est dans ce contexte que nous avons pris le parti de créer une matière intégralement conçue en France, labellisée ‘Origine France Garantie’, et 100% biosourcée sans aucun plastique pétrochimique à partir de noyaux d’olive.
I.E : Comment Noyatech a-t-elle réussi à concilier les exigences de qualité, d’écologie et de compétitivité tarifaire dans la conception de vos produits ?
Frédéric Mary-Lacolle (co-fondateur Noyatech) : Il est clair que la transition vers des produits en carton et bois, suite à l’abandon du plastique, a engendré un mécontentement dû à la qualité souvent médiocre de ces alternatives. Chez Noyatech, nous avons mis un point d’honneur à produire des articles non seulement résistants, imperméables, lavables, sans goût ni odeur mais aussi ayant une texture lisse, agréable en bouche. Nous offrons ainsi une qualité supérieure, évitant les désagréments rencontrés avec les couverts en bois ou les pailles qui se désagrègent avant la fin de la boisson.
Nous avons également une approche environnementale rigoureuse. Il est crucial de ne pas compromettre cet aspect, même en cherchant des solutions de qualité. Notre engagement est de proposer des produits à forte valeur écologique, tant par leur conception — recyclant des déchets tels que les noyaux d’olive — que par leur fin de vie, avec des options de compostage ou de recyclage.
Enfin, nous avons pris soin de maintenir un équilibre tarifaire. Bien qu’il soit essentiel d’offrir un produit de qualité et respectueux de l’environnement, il doit rester accessible. Notre défi a été de valoriser des déchets peu coûteux pour offrir une solution écologique et concurrentielle en termes de prix, assurant ainsi une adoption large par toutes les chaînes de distribution et par les consommateurs finaux.
I.E : Comment Noyatech gère-telle la distribution et la fin de vie de ses produits ?
Simon Barreau : Notre cible principale englobe le secteur des CHR (cafés, hôtels, restaurants, discothèques), ainsi que la restauration collective incluant les hôpitaux, maisons de retraite, prisons et autres institutions publiques. Nous nous adressons également aux distributeurs qui approvisionnent ces entités, qu’il s’agisse de distributeurs alimentaires, de produits d’hygiène ou d’alcool.

Nous proposons une vingtaine de références, incluant pailles et couverts, déclinées en différents formats. Nous offrons des formats adaptés aux grandes et moyennes surfaces (GMS), tels que des boîtes de 50 pailles ou de 24 couverts, destinées aux consommateurs finaux. Pour les professionnels, nous proposons des formats en vrac, plus adaptés à la redistribution.
En complément de notre offre, nous proposons des solutions de fin de vie pour nos produits. Un Exemple ? Pour un hôpital consommant 2000 plateaux repas par jour comme pour un restaurant d’une cinquantaine de couverts, nous offrons des solutions adaptées de compostage ou de collecte, selon les volumes et les besoins spécifiques.
I.E : Quelles innovations Noyatech a-t-elle introduites pour améliorer la qualité et la durabilité de ses produits par rapport aux alternatives existantes ?
Frédéric Mary-Lacolle : Notre département R&D est au cœur de notre innovation. Il nous permet de créer et maîtriser notre propre matière première, essentielle pour garantir une production conforme à nos valeurs.
Le processus commence par la sélection rigoureuse de matières écologiques, en veillant à éviter les composants toxiques. Cela nécessite une recherche approfondie pour identifier des combinaisons de matériaux qui répondent à nos exigences environnementales. Une fois la matière première définie, nous nous assurons que les produits finaux respectent les normes de qualité les plus strictes.
Cela inclut des tests organoleptiques pour garantir l’absence d’odeur, des tests de résistance pour vérifier leur durabilité, notamment par des cycles de lavage intensifs, ainsi que diverses analyses en laboratoire pour s’assurer de la performance de nos produits.
La flexibilité de notre R&D est un atout majeur. Nous sommes capables d’adapter rapidement nos formulations pour répondre aux nouvelles législations ou aux changements de la demande du marché. En effet nous anticipons l’arrivée de nouveaux produits sur le marché comme par exemple des cuillères et bâtonnets de glace ou encore des demandes spécifiques sur des sachets/bouteilles. Cette réactivité nous permet de rester en phase avec les attentes des consommateurs et les exigences réglementaires, tout en offrant des solutions écologiquement responsables et de haute qualité.
I.E : Quels sont vos plans pour l’avenir ?
Simon Barreau : Nous avons fait le choix stratégique de relocaliser autant que possible toutes les étapes de notre production, y compris le packaging, pour minimiser notre empreinte carbone. Plutôt que de recourir à la production en Chine, nous privilégions la fabrication locale dans chaque pays demandeur, comme la France, l’Espagne ou d’autres régions en Europe et au Moyen-Orient. Cette approche nous permet non seulement de réduire les émissions liées au transport, mais aussi de favoriser l’emploi local. Nous collaborons également avec des ESAT pour intégrer des personnes en situation de handicap dans le processus de conditionnement, illustrant ainsi notre engagement en faveur de l’inclusion sociale.

En parallèle, nous accordons une attention particulière à la fin de vie de nos produits. Bien que l’introduction de nouvelles solutions sur le marché soit un progrès, il est crucial d’assurer une gestion efficace de ces produits après usage. Nous avons déjà mis en place des partenariats avec des entreprises spécialisées pour le compostage et le recyclage de nos articles, notamment pour les grandes collectivités. Notre objectif est de créer un cycle vertueux complet : utiliser des matières biosourcées, produire des articles qui, après usage, peuvent être compostés pour retourner au sol et participer à la culture d’oliviers, ou être recyclés pour créer de nouveaux produits.
Nous explorons également la possibilité d’utiliser d’autres déchets que les noyaux d’olive, dans le cadre de notre stratégie d’économie circulaire. Notre département R&D joue un rôle crucial en cherchant constamment les meilleures matières premières et en développant des produits qui respectent notre triptyque essentiel : qualité, prix et respect de l’environnement. Ce processus nous permet de rester à la pointe de l’innovation et de répondre aux évolutions législatives et aux demandes du marché.