La très forte augmentation du nombre de cas de cancers et la pression croissante sur les laboratoires d’anatomie pathologique mettent en lumière la nécessité d’innovations technologiques pour gérer des volumes toujours plus importants d’échantillons biologiques. Dreampath, pionnière dans l’automatisation des processus de traçabilité, déploie ainsi des solutions novatrices qui optimisent les ressources humaines et garantissent la sécurité des diagnostics.
Informations Entreprise : Quelles sont les enjeux liés à l’augmentation prévue du nombre de cas de cancers et la pénurie de personnel qualifié dans les laboratoires ?
Pablo Jordan (CEO de Dreampath) : Les grands défis auxquels nous faisons face incluent une croissance exponentielle du nombre d’échantillons biologiques, notamment des blocs de paraffine et des lames de verre.

À l’horizon 2040, l’OMS anticipe une augmentation de plus de 77 % des cas de cancers, ce qui va représenter une augmentation importante de la charge de travail dans les laboratoires de Pathologie. Il est crucial d’avoir un accès rapide et constant à ces échantillons pour permettre un diagnostic précis et pour ajuster au cours de l’évolution la prise en charge thérapeutique des patients. La pénurie de personnel qualifié dans les laboratoires rend d’autant plus difficile la gestion complexe d’un volume croissant d’échantillons.
Une étude de la Mayo Clinic en 2011 a permis d’estimer que les laboratoires américains perdent environ 300 000 blocs et ou lames par an. L’automatisation de la traçabilité des échantillons est donc un enjeu majeur.
I.E : Quels bénéfices concrets l’automatisation a-t-elle apportés dans la gestion des échantillons biologiques au sein de vos laboratoires ?
Pablo Jordan : Il est impératif de comprendre que chaque année, des centaines de millions d’échantillons sont traités à l’échelle mondiale, nécessitant une main d’œuvre considérable. Grace à l’automatisation de la traçabilité les échantillons sont sécurisés et accessibles à tout moment que ce soit au moment du diagnostic ou pour la recherche clinique. Les laboratoires équipés de nos solutions ne perdent plus d’échantillons. Cela permet aussi de redéployer des ressources humaines vers des taches plus importantes et à plus forte valeur ajoutée médicale dans les laboratoires.
I.E : Quels ont été les principaux défis rencontrés lors de la création et du développement de Dreampath ?
Pablo Jordan : Notre entreprise Dreampath est née d’une demande explicite des clients, exprimant le besoin d’automatiser la gestion des échantillons. En nous penchant sur cette problématique, nous avons constaté que la discipline n’avait guère évolué depuis 150 ans. À l’origine, les blocs et les lames étaient rangés manuellement, ce qui constituait un processus archaïque. Nous avons donc créé un marché autour de cette innovation.
Les obstacles ont été nombreux. L’anatomie pathologique est un domaine qui évolue lentement, et nous nous trouvions en compétition pour les budgets hospitaliers avec d’autres solutions liées à des actes remboursés ce qui n’est pas le cas de l’activité d’archivage des blocs et lames en Anatomie Pathologique. L’absence de codage à la CCAM de l’activité d’archivage en anatomie pathologique est une anomalie qui, nous l’espérons, pourra être corrigée grâce à l’action du CNPath.
Dix ans après notre première installation au CHU de Montpellier en juin 2014, nous comptons plus de 500 clients prestigieux à travers le monde, tels que la Mayo Clinic et le MD Anderson Cancer Center aux États-Unis, ainsi que des géants pharmaceutiques comme Roche et Pfizer. Notre parcours a été jalonné de défis, mais la confiance et la persévérance ont permis de construire ce qui est aujourd’hui une référence dans le secteur. Ces premiers clients ont étés de véritables pionniers, prêts à faire un saut dans l’inconnu. Ces premiers partenaires, en France, en Italie, en Espagne et aux États-Unis, ont cru en notre technologie.
I.E : Comment vos solutions technologiques contribuent-elles à améliorer la gestion des échantillons dans les laboratoires d’anatomie pathologique ?
Pablo Jordan : Actuellement, notre solution Fina est unique en son genre, sans véritable concurrence sur le marché. Il s’agit du premier système permettant un rangement rapide et une traçabilité complète des blocs de paraffine. En intégrant Fina dans un laboratoire, nous optimisons les ressources humaines, en libérant entre une et cinq personnes selon la taille de l’établissement. Ces employés peuvent alors être réaffectés à des tâches plus valorisantes, comblant parfois les départs à la retraite non remplacés, et répondant ainsi à une population de techniciens vieillissante.

Notre autre solution, Crystal, automatise la gestion et la traçabilité des lames de verre. Ces lames, qui sont produites en quantités deux à trois fois supérieures à celles des blocs, représentent un défi considérable en matière de gestion des ressources, particulièrement dans le contexte de la digitalisation croissante de l’anatomie pathologique Les lames d’HE ne sont plus triées avant distribution aux pathologistes et les lames d’IHC produites secondairement non plus. Le rangement numérique manuel en est d’autant plus complexe. Grâce à Crystal les lames peuvent être directement archivées sans classement par ordre numérique. Ce temps gagné peut-être consacré à la digitalisation des lames par les techniciens.
Notre système Hydra assure la traçabilité des prélèvements depuis la mise en cassette jusqu’à la déshydratation et l’inclusion en paraffine, permettant de connaitre la durée exacte du processus de dyshydratation pour chaque échantillon.
Enfin nous développons actuellement un système de traçabilités des pots de cytologie (EWA) qui va permettre de faciliter la gestion entre examen cytologique et moléculaire de ces échantillons.
I.E : Comment votre entreprise parvient-elle à concilier innovation technologique et engagement environnemental ?
Pablo Jordan : Concernant notre engagement environnemental, en 2020, nous avons adopté une politique de neutralité carbone. Depuis cette année-là, notre entreprise est carbone neutre. Nous avons mis en place diverses mesures, telles que l’économie d’énergie, le recyclage des produits, et l’écoconception. Par exemple, nos scanners utilisent des moteurs à faible consommation électrique.

De plus, nous employons des matériaux recyclables pour nos produits, garantissant une gestion durable des échantillons conservés sur de longues périodes. Nous réalisons des audits annuels pour évaluer nos progrès et identifier des améliorations possibles. Afin de compenser une partie de nos émissions, notamment celles liées aux déplacements nécessaires à notre activité internationale, nous collaborons avec une entreprise allemande pour compenser l’excès de CO2 : chaque année, nous participons à des projets de reforestation, notamment au Togo, où nous plantons des milliers d’arbres en partenariat avec des entreprises locales.