La conformité ne suffit pas, l'innovation fait la différence
- Charlotte Combet

- 10 juil.
- 5 min de lecture
L’heure tourne pour les entreprises françaises : la facturation électronique deviendra bientôt incontournable. Derrière cette obligation, un défi se dessine — transformation des processus, interopérabilité des systèmes, sécurité des données. Paragon, acteur historique de la dématérialisation, entend faire plus que cocher les cases réglementaires. Avec une approche technologique à l’état de l’art, une culture solide de la donnée sensible et des services à forte valeur ajoutée, l’entreprise se positionne comme un véritable partenaire de transformation.
Informations Entreprise : Quels sont les principaux constats que vous faites aujourd’hui chez vos clients et prospects face à l’arrivée de la facturation électronique obligatoire ?

Christophe Corgie (Responsable Marché Facturation Electronique & Professional Services de Paragon) : Nous observons que la grande majorité des entreprises se préparent activement à la réforme de la facturation électronique. Ce n’est pas uniquement une mise en conformité réglementaire ; c’est un véritable levier de transformation. Les enjeux majeurs résident dans la gestion des données, souvent dispersées entre systèmes hétérogènes, qu’il faut désormais agréger pour répondre aux nouvelles obligations.
Claude Espinas (Directeur BPS de Paragon) : Cette réforme va modifier les interactions entre clients et fournisseurs, notamment par une transparence accrue sur le statut des factures – une information qui sera visible non seulement des deux parties, mais aussi de l’administration fiscale. Nous distinguons trois profils d’entreprises : celles qui anticipent et veulent être rapidement conformes, celles qui voient dans cette réforme une opportunité d’optimiser leurs processus internes, et enfin celles, plus attentistes, qui ne réagiront qu’au dernier moment.
Comment jugez-vous l’évolution de l’écosystème des PDP et les implications pour les entreprises qui doivent faire un choix ?
C.E. : L’écosystème de la facturation électronique est lui-même en pleine structuration et présente déjà certaines limites. À ce jour, environ 90 plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) sont en cours d’agrément ou pré-agréées par l’administration. Toutefois, près de 40 % d’entre elles sont en réalité des marques blanches, reposant sur des plateformes génériques opérées par quelques éditeurs. Ces éditeurs proposent leur solution sous le nom d’autres entreprises, ce qui permet de multiplier les canaux, mais introduit aussi une certaine rigidité.

En effet, cette architecture freine la capacité de personnalisation, alors même que les entreprises ont des besoins spécifiques pour s’adapter à la réforme. On voit donc émerger une distinction entre les “vraies” PDP, dotées de leurs propres technologies et expertises, et les “fausses vraies”, moins flexibles. Dans ce contexte d’accélération, il est essentiel que les entreprises fassent des choix éclairés pour garantir leur conformité et leur agilité.
Quels sont les principaux défis techniques liés à l’interopérabilité dans le cadre de la réforme, tant pour les entreprises que pour les PDP ?
C.C. : L’interopérabilité est au coeur des défis, tant pour les entreprises que pour les PDP. Il
s’agit d’un enjeu complexe, car il faut connecter un nouveau système à une multitude de systèmes existants, souvent vieillissants. De nombreuses entreprises disposent d’ERP propriétaires, parfois très locaux et doivent choisir entre adapter leur existant ou engager une vraie transformation.
Ce défi est aussi valable côté PDP : certains opérateurs partent d’un existant avec une dette
technique plus ou moins importante, quand d’autres, comme nous, ont fait le choix d’une page blanche, en repartant de zéro avec une approche technologique à l’état de l’art. L’autre enjeu, moins visible est l’interopérabilité entre les PDP elles-mêmes.
La réforme crée un socle standardisé avec le réseau Peppol, ouvrant la voie à des échanges internationaux structurés. C’est là une opportunité forte de digitalisation globale, au-delà de la seule conformité réglementaire.
Comment Paragon se différencie-t-elle des autres PDP sur le marché ?
C.E. : Être conforme en tant que PDP, c’est une condition de base. Mais chez Paragon, nous allons bien au-delà de cette exigence. Nous avons fait le choix stratégique d’enrichir le cycle de vie de la facture avec des services collaboratifs à forte valeur ajoutée. Cela permet aux directions financières de transformer leurs pratiques, en intégrant des processus plus fluides et plus intelligents.
Par exemple, nous avons co-construit avec DB Schenker une solution intégrant la dématérialisation et la réconciliation automatique de documents comme la CMR, traditionnellement papier. Cette démarche nous a valu le 1er Trophée DAF’Night 2025 en tant que Lauréat Or dans la catégorie « Transformation Digitale & Process », décernée par des directeurs financiers eux-mêmes. Cette reconnaissance confirme que notre approche répond à de vrais enjeux métiers, bien au-delà de la simple conformité.
Quelle est la vision de Paragon en matière d’accompagnement de la transformation digitale autour de la facturation ?
C.E. : Ce qui nous distingue, c’est notre capacité à agréger flux, technologies et collaboration. Nous ne nous limitons pas à la facture électronique conforme : nous traitons tous types de documents – structurés, non structurés, hors réforme – pour fournir une vision complète et unifiée. En tant qu’agrégateur de technologies, nous développons des services en interne et intégrons les meilleurs partenaires, par exemple sur les sujets de fraude ou de conformité. Nous créons un espace collaboratif entre les ERP clients, souvent cloisonnés, pour réconcilier les données et fluidifier les processus. Notre plateforme IPP n’est pas pensée uniquement par des éditeurs techniques, mais coconstruite avec des DAF, pour répondre à des enjeux concrets de terrain.
Comment garantissez-vous la sécurité des données sensibles dans le cadre de vos activités de PDP, notamment face aux exigences du segment cloud ?
C.E. : Chez Paragon BPS, nous avons une culture historique de la donnée sensible et de la sécurité, forgée au contact de secteurs exigeants comme la défense, la banque ou l’assurance. Notre filiale est certifiée ISO 27001 sur l’ensemble de son périmètre – pas uniquement sur l’informatique, mais de bout en bout : développement, production, fonctions support. Une exigence rare, puisque moins de 0,3 % des entreprises françaises atteignent ce niveau selon Bureau Veritas.
Concernant le segment cloud exigé par l’Administration dans le cadre de la facturation électronique, nous nous alignons évidemment sur les référentiels fixés par l’ANSSI, avec des partenaires qualifiés. Mais nous avons aussi des infrastructures très sécurisées en dehors de ce segment, tout en restant pleinement conformes.
Comment percevez-vous l’évolution du cadre réglementaire autour des PDP, notamment dans une perspective européenne ?
C.E. : La réglementation, nous la voyons comme un moteur d’opportunités qui crée des besoins auxquels nous répondons tout en renforçant les standards du marché. Le cadre franco-français autour des PDP est essentiel, mais il est appelé à évoluer vers une dimension européenne.
C.C : L’objectif, à terme, est de faciliter les échanges normalisés entre entreprises à l’échelle de l’UE, via des référentiels comme Peppol. Quant au segment de confiance, même s’il est parfois teinté d’idéologie, il ne pourra perdurer sans une harmonisation européenne. Ce qui importe, c’est que toutes les PDP respectent les exigences de l’administration. À ce titre, les entreprises peuvent être sereines : seules les PDP en conformité seront immatriculées définitivement d’ici 2026.



